L'avion avait tourné sur sa trajectoire et dans le boeing, beaucoup
de monde depuis une demi-heure avait pris conscience que l'atterissage
était proche.
Depuis 3 h00 du matin, je ne dormais pas, et de rester
assise pendant ces 13 heures de vol commençait à vraiment me peser, de
plus des personnes ronflées. J'avais un voisin qui n'avait pas réussi
autre chose que de tomber sur moi en dormant. Des téléviseurs s'étaient
rallumés pour nous annoncer l'heure, l'altitude, la température ainsi
que notre trajectoire depuis environs plus d'une heure.
J'ai écouté de la musique toute la nuit histoire de croire que je ne m'ennuyais pas.
Les voix d'hôtesses et du commandant se succédèrent afin de nous annoncer l'atterrissage en anglais et en portugais.
Je
cherchais du regard mais en vain à travers les hublots, la vue sur Rio,
il
faisait nuit. Seule des lumières scintillaient à travers une atmosphère
citadine. Je souhaitais voir le fameux pain de sucre des couvertures
touristiques et le Christ rédempteur, je souhaitais voir si c'était
vrai, et penser
aux personnes qui, avant notre voyage, avaient demandées à ce qu'on
pense
à eux. Mais rien, rien de rien. J'ai vu surtout des grandes flammes qui
sortaient de grandes cheminées et j'ai immédiatement compris qu'il
s'agissaient des raffineries de pétrole... Pétropolis.
Au moment où le train d'atterissage se mettait en place, les moteurs
s'étaient mis à soupirer bruyamment de leur longue route. Je vis
plusieurs personnes faire le signe de croix. Je restais un moment
surprise par les attitudes. Un appui sur le sol brésilien secoua
l'avion.
Le temps de mettre en place l'avion en position sur la piste pour
ouvrir le couloir de sortie, la foule commença à sortir sans ordre,
contrairement à ce que nous avions vécu à Francfort lors de
l'embarquement.
Vint le moment de récupérer les bagages, puis de passer la douane.
Nous dûmes remplir un papier expliquant la raison de notre venue sur le
territoire. Une fois sortis des formalités, nous nous retrouvâmes dans
le hall de l'aéroport, un peu sonnés, un peu dans l'irréalité ayant
envie de nous rassurer, seuls en territoire inconnu où personne ne
parlait, voire ne comprenait qu'à grande difficulté le Français.
Nous
avions depuis longtemps décidé de prendre un véhicule, avant de partir
de France, et de régler dès notre arrivée comment obtenir de la monnaie
du pays.
Ce
ne fut pas simple, les gens avaient peur de nous informer devant les
points de retrait d'argent . Le lieu de retraits sont dans l'aéroport
en étage et peu gardés. Les distributeurs ne sont pas tous pareils ,
certains sont pour des cartes de crédit, d'autres sont pour n'importe
quelle carte (mastercard, carte bleue, etc.) Les manipulations
n'étaient pas évidentes et pour nous ce n'était pas clair. A l'aide
d'un
mini dictionnaire en poche j'avoue que j'y perdais mon latin. Après
l'énervement et la suspicion des gens, le regard pesant d'un garde qui
faisait sa ronde et deux autres jeunes filles qui se posaient les mêmes
questions que nous et qui ne parlaient pas la même langue, et qui
avaient finalement abandonnées n'y parvenant pas, j'ai pris le temps
d'avoir un
temps de logique et d'observation lointaine afin de comprendre qui se
présentait à tel ou
tel distributeur. Certain faisait même des dépôts de chèque, ce qui me
déconcertait car ils donnaient l'impression d'être très méfiants.
Enfin, je me suis dis que je m'inventais des trucs. Par la suite, j'ai
souvent vu la même attitude dans les autres banques et les même
problèmes pour les distributeurs même avec les autochtones, alors cela
m'a beaucoup rassuré.
Lorsque nous avons réussi à obtenir la monnaie, nous pensions avoir
sur nous le maximum retiré de 500 reals suffisant pour tenir quelques
jours en
faisant très attention puisque nous devions parcourir un certain nombre
de kilomètres en voiture , tenir compte du carburant, et bien sûr des
hôtels où nous souhaitions nous arrêter. J'avais bien des american
express en poche mais nous devions trouver la banque ouverte et
disposée à nous remettre de l'argent liquide.
Je souhaitais prévenir notre famille afin de les prévenir de notre
arrivée. En France, 5 heures de plus que Rio. Un kiosque de location
de téléphone portable et de vente de carte
téléphonique, nous pris en main et nous estorqua une somme phénoménale
de 60 reals pour une carte téléphonique internationale qui ne put être
utilisée que 3 minutes. plus jamais je ne pus la réutiliser. Je pense
que nous sommes fais avoir ce jour là, malgré ma méfiance, n'ayant pas
eu de bons échos sur le sujet.
Nous avons recherché les
loueurs de voiture où nous avions fait notre réservation. Il fallut
traverser l'aéroport à tous les étages car personne ne nous comprenait
et à plusieurs reprises il avait fallu revenir sur nos pas. Le vieil homme qui s'occupait de l'ascenceur, nous regardait
avec un air de dire à quoi ils jouent ceux-là, je n'avais pu m'empêcher de
lui poser la question en portugais, il m'a répondu en désignant la
direction mais j'avais du mal à tout comprendre. Il fallait bien y
arriver...
Nous
traversâmes un long corridor sur tapis roulant depuis le fond du
dernier
étage pour parvenir dans un autre lieu d'embarquement ou d'arrivée, à
l'opposé d'où nous étions. Nous vîmes une enfilade de loueurs de
voiture, des taxis proposaient leur service.
Notre loueur se trouvait en plein
milieu de ce grand corridor. Nous avons signé le contrat, récuperé la voiture
et nous avons, pour ainsi dire, fui Rio, pas certains qu'il fallait s'y promener
longtemps.
Tans pis l'idée d'aller visiter le jardin botanique sera au
retour... C'est pareil pour le pain de sucre. ... Maintenant il faut
parveniir à s'orienter et à prendre la bonne direction, Niteroi. Il
paraît qu'il y a un pont. Donc il faut bien regarder où nous allons et
surtout ne pas partir dans le sens inverse sinon nous serions vers le
centre ville , voir Copaccabana.
Avant
de partir, j'avais beaucoup travaillé sur plans et cartes, je ne
pensais pas que nous ne serions pas allés dans Rio. Mais ce fut une
aventure dure pour mes nerfs.
D'abord la position du soleil avait
faussé mes repères Nord Sud et ça je n'y avais pas pensé hors je
fonctionne souvent comme çà quand je voyage, cela m'a souvent évité de
me perdre.
De plus, conduire dans Rio ce n'est guère du gâteau, il y
a des étages de routes, des embranchements qui tournent dans tous les
sens. Et bien que nous avions repèré le pont de Niteroi, je me suis
retrouvée sur une route suspendue qui nous emmenait direct vers
l'opposé sans jamais pouvoir sortir au risque de se perdre à plusieurs
reprises. Nous longions des kilomètres de favellas. C'était désastreux,
sale. Les conduites étaient plutôt comme dans Paris, chacun se
débrouille pour passer. A un moment donné, à force de relire le plan
sans succès, en panique, je trouvais une sortie et cherchais un retour
vers Niteroi qui s'affichait dans le sens inverse sur les panneaux.
Pour reprendre cette voie rapide, il a fallu prendre multiples voies
d'accès sans être jamais sûrs de ce que nous prenions comme direction.
Nous avons fini par reprendre la rampe d'accès vers Niteroi, ce qui
nous soulagea grandement. Nous passâmes devant un port pétrolier, et
soudain nous fûmes au-dessus du pont. Ce pont n'en finissait pas.
Lorsque nous avons dépassé Niteroi, il fut question de bien suivre la
nationale BR 101 afin de ne pas se perdre carte en main. Mais nous
étions sauvé d'affaire.
Le spectacle ne fut pas vraiment là pour
me rassurer, des gens étaient assis en bordure de route, malgré la
grande circulation de camions. D'autres en vélos traversaient un peu
n'importe comment, roulaient à contre sens, il fallait vraiment avoir
une conduite très attentive. Pendant des heures nous traversâmes des
zones de ville avec des gens qui déambulaient le long de la route.
Beaucoup de misère, des quantités de maisonsen briques rouges toutes
cassées, mal construites ou jamais terminés. Le paysage étant une
désolation, je ne voyais rien d'exotique, je me demandais si nous
n'avions pas fait une erreur. Faire un voyage si lointain...
Nous avons roulé longtemps sans nous arrêter mais à un moment il
fallait prendre un peu de repos et de force. L'heure du repas avait
depuis longtemps été dépassé. Des sortes de buvettes peu appétissantes
étaient sur le bord de la nationale. Genre de barraques où les routiers
en général s'arrêtaient pour faire une pause. Nous finîmes par nous
décider en pensant que nous avions bien avancés dans notre parcours.
Un arrêt fut imposé.
Nous
avons pris un genre de sandwich de type Mac Do' à la formule
brésilienne, pas vraiment heureux de notre choix mais cela s'imposait,
je commençais à trouver la journée très très longue.
G. partit herboriser pendant que le propriétaire des lieux préparait.
L'homme
fut au petit soin. Assise à une table bancale pas très propre, il
s'empressa de tout nettoyer, je le vis prendre un torchon, s'efforça de
rendre les verres propres. Je me posais beaucoup de questions, toujours
très observatrice en ce qui concerne l'hygiène. En moi même je me
demandais qu'est-ce qu'il allait m'arriver. Une vraie malade, je
m'inventais de l'eau croupie, une cuisine pas très saine. J'avais
d'ailleurs pris un Coca par trouille pour être sûre de déboucher la
bouteille moi-même.
Finalement, malgrè mes doutes, lorsque les
sandwichs arrivèrent nous nous sommes régalés. La viande grillée avait
super bon goût et à la fin je commandais un café. L'homme toujours très
content de nous avoir satisfait, proposa de nous offrir le café. Nous
étions vraiment mal à l'aise. ous ne nous connaissions pas d'une
demi-heure, mais je pense que l'étiquette d'étrangeté française,
l'intéresser. Lorsque le café fut posé sur la table, je goûtais, un peu
septique . Je me suis aperçu que del'alcool avait été ajouté. Je payais
la note, un peu mécontente de ce rajout, puis nous reprîmes la route.
Nous n'étions toujours pas sorti de l'état de Rio.